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  • : L'anorexie mentale... pour les nulles
  • : Voici le guide de l’anorexie pour les nulles ! Jeune adulte, atteinte d’anorexie mentale, aujourd’hui sur la voie de la guérison, je souhaite partager mon expérience par des chroniques concrètes, drôles et décalées, sur des questions dont les réponses m’ont tant manquées. Des questions les plus basiques, que l’on n’ose poser à personne, aux plus profondes, tout sera traité, sans fausse pudeur, ni tabou, mais en sachant garder un peu de légèreté. A l'usage des malades, et de leur entourage.
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3 juillet 2012 2 03 /07 /juillet /2012 17:50

piscine2

 

J’ai repris du poids. On m’a dit Bravo bravo. C’est vrai, ça ne se voit plus trop. T’es toute mimi. Oh, oui, j’ai bien grossi. Tu es presque guérie ! Youpi, je me suis dit, à bas l’anorexie.

Je ne dis plus non à un resto. J’ai mangé des kilos de pâtes carbo. Un verre de rosé ? Bien sûr, je dis, et je tends mon gobelet. Je n’avais plus envie d’y penser. Tu es guérie. Plus de maladie. Un week-end chez des amis ? Oui oui oui ! Sans rien préparer, sans rien refuser, et sans hésiter. Non, non, je n’ai rien compté. A bas les calories. J’ai même cuisiné. Tu es toute jolie, ma chérie. Je me suis resservie. Tu as de la marge, toi. A bas l’anorexie ! Tout ça c’est du passé, et droit devant pas de maladie : voilà ma nouvelle vie.

Je ne vous ai même pas écrit.

Pourtant, je sais, je vous l’avais promis.

Vous, vous m’avez beaucoup écrit.

Vous avez réclamé ! A juste titre pardi !

Je me disais : plus tard, plus tard. Là tu vis. L’anorexie c’est fini. Profite, poupée, tu l’as bien mérité. Tu as bien travaillé pour ta santé, maintenant tu peux te laisser aller.

Et puis quelle énergie ! L’anorexie, c’est bien fini.

Sauf que.

Sauf que, voilà… j’ai merdé.

Je suis seule ici. 48 heures, toute seule dans la maison de vacances de mes parents. Isolée. Pas de net. Pas de téléphone. Pas d’ordi. Seule ici. Alors j’ai réfléchi.

J’ai pris le temps de me poser.

De me poser.

Pour me reposer.

Dieu merci.

Je suis épuisée.

En fait, c’est comme si j’avais été assommée.

J’ai perdu un round clé. Par KO. Sans lutter.

Je suis restée sur le pavé.

Rétamée.

Putain, je me suis battue des mois entiers ! Je l’avais butée ! La dernière fois que je l’avais regardée, c’était sûr, je l’avais tuée. Elle gisait, là, ensanglantée. Crevée, la saleté. Anorexie ! Je l’avais tuée !

J’ai envie de crier.

Ca ne finira donc jamais ?

Dès que j’ai eu le dos tourné, elle s’est relevée. Discrètement, évidemment. Je n’ai rien vu, rien entendu. Elle ne s’est surtout pas montrée cette fois-ci. Elle a adopté une nouvelle stratégie. Elle s’est tapie, comme une souris.

Elle m’a laissée manger. Elle m’a laissée croire que tout était fini.

Putain les filles, j’ai maigri.

Pas tellement.

Mais ca ne m’était plus arrivé depuis des mois entiers.

Surtout, je suis tellement fatiguée.

Aujourd’hui j’enchaîne les hypoglycémies.

J’ai bien merdé, ça oui.

Pourtant, j’ai mangé. Comme jamais.

Mais ce que je ne vous ai pas dit. Ce que je ne me suis pas dit, c’est que

J’ai nagé

J’ai marché

J’ai très peu dormi

Je suis beaucoup sortie

Je ne me suis jamais posée

Gymnastique

J’ai beaucoup conduit

J’ai très peu dormi

Gymnastique

Ici ou là j’ai dû sauter un repas

J’ai eu froid

Je suis encore sortie

J’ai dansé

J’ai un peu fumé

Parfois picolé : ça faisait des calories

Alors j’ai dansé

Vous voyez, elle n’était pas tout à fait partie. Mais pas le temps d’y penser : je suis sortie.

Gymnastique

Je me suis grillée : pas besoin de compter, je savais bien que j’allais tout dépenser.

Pas besoin de me peser. Je le savais.

J’ai frotté, j’ai astiqué, j’ai nettoyé, des après-midis entiers.

C’était enfoui.

Je suis sortie.

Je sentais la fatigue arriver. Vite, gymnastique pour l’oublier.

Je suis sortie.

Et puis…

Ici j’ai été obligée de penser.

Avant ma série d’hypoglycémies, je ne vous aurais sans doute pas écrit.

Sauf que j’ai été durement frappée, et que je suis tombée.

J’ai mal.

J’ai mal.

Je viens encore de manger : ma tête tournait.

J’ai mal au ventre.

Je m’en veux d’avoir autant mangé.

Je m’en veux d’avoir autant bougé.

C’est à nouveau tout embrouillé.

J’ai mal.

Mais je ne vais pas pleurer.

Je me suis trainée jusqu’à ce cyber-café. Je vous ai écrit. Puis je vais rentrer. J’ai 110 ans. Je vais me reposer.

Et plus jamais je vais cesser de penser.

Promis.

On n’est jamais guérie.

Je vais me reposer. Demain je me relèverai. Encore plus forte.

Je vais retourner sur le ring. Je vais me bagarrer. Et continuer à gagner.

Mais putain, quelle saleté.

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commentaires

M
<br /> Ca marche, et merci t'es adorable.<br />
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M
<br /> Mardi je t'avais laisser un message a la vue de ton article, quand j'y repense un commentaire de déprimé, je pense que tu l'a refusé pour ca ahahaha vive les lunatiques, j'allais pas bien faut<br /> dire, en tous cas la j'ai changé d'optique et je suis contente d'après facebook de voir que tu vas mieux.Aller courage je pense que tu t'es inquiété plus qu'il ne le fallait, la vie est faite<br /> ainsi, je ne sais pas combien tu avais perdu mais je me doute que ce n'était pas 10kg et les filles normal n'auraient pas eu peur elle aurait été contente, alors laisse les chiffres de coter et<br /> que ca t'encourage encore plus a te faire plaisir :). <br />
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A
<br /> <br /> Merci pour ton message ! Mais non je ne censure pas les commentaires, je ne l'ai simplement pas reçu ! Bizarre d'ailleurs. N'hésite pas à me le renvoyer, c'est  bien de poster quand on va<br /> bien, mais on est aussi là pour les moments plus difficiles, évidemment.<br /> <br /> <br /> Je t'embrasse fort, à bientôt<br /> <br /> <br /> **<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> Tu as vécu tous ces derniers jours. Tu as profité, un peu trop peut-être, mais c'est humain. Je pense que tu perds un peu vite espoir. Des personnes sans TCA maigrissent tout comme toi en faisant<br /> la fête un peu trop. Sauf que c'est en rigolant qu'éventuellement elles te disent : "J'en reviens pas, j'ai paumé 2 kgs". Et bien voilà, toi aussi!<br /> <br /> <br /> Et oui, peut-être as-tu cherché à limiter un peu par ci , à te défouler un peu par là... Te sentir vivre, quoi! Mais tout ceci n'annule en rien les conseils que tu peux écrire sur ton blog, et<br /> que tu as toi-même éprouvés. Tu n'as à mon idée pas fait un pas en arrière. Tu as simplement traversé une séquence d'événements sur lesquels tu portes un jugement désaprobateur après-coup. Mais<br /> c'est peut-être là, justement, qu'a ressurgi ta fidèle compagne, qui se tapissait meurtrie. Repose-toi, et très vite, tu vas retrouver ton entrain habituel. Garde-toi de te faire ton<br /> juge et bourreau, c'est le propre de cette maladie. Tu n'es coupable de rien.<br /> <br /> <br />  <br />
Répondre
A
<br /> Je crois que parler c'est déja l'éloigné... ;)<br /> <br /> <br /> courage<br /> <br /> <br /> je pense fort à toi<br />
Répondre