Je sais que je n’écris plus... Pas le temps... Plus l’envie... Je déménage, je change de vie et je laisse l’anorexie sur place : elle ne fait pas partie de mes bagages. Je voudrais malgré tout partager un très beau message que j’ai reçu cette semaine. Très beau parce que... d’abord il me dit merci (humm j’adore ça ;-) )... et parce qu’il a les mots justes pour parler de la maladie ET surtout de la guérison.
Bonne fin de week-end les filles. Je vous lis et je suis là. Promis.
« Coucou à toi !
Cela fait un moment que je te suis : ton blog, tes articles, tes commentaires... Mais jamais je n'ai "osé" m'abonner ou bien poster ne serait-ce qu’un commentaire... Comme toi, comme beaucoup de jeunes femmes qui suivent ton histoire à travers ton blog; j'ai souffert (et je suis encore sujette) d'anorexie mentale.
Pendant 2 ans ce fut la "débandade" : des menaces d'hospitalisation par le nutritionniste spécialisé dans les TCA, des conflits permanents avec mes parents, un éloignement de mes proches, de mes amis... Bref, l'enfer. Je me pensais bien, normale dans mon état. Je me voilais la face, il était impensable que je sois "anorexique" puisque je m'alimentais à chaque repas (en bien trop faible quantité avec des aliments intelligemment choisis et réfléchis à l'avance...) et je ne m'étais jamais fait vomir. Tout est allé en s'empirant pendant 2 ans.
Juin 2012 : 1er rendez-vous chez le nutritionniste. Il m'annonce mon anorexie mentale. C’est le choc, je pleure... je ne voulais pas y croire.
Août 2012 : bilan de 3 jours à l'hôpital en endocrinologie. On m'annonce les carences dont souffre mon corps, le peu de masse graisseuse que j'ai. Mais je crois que je ne veux toujours pas y croire ; je vais bien, je m'oppose à ce que l'on me dit. Cependant je ressors très marquée par ces 3 jours, j’ai réfléchi : je n’accepte pas la maladie, mais je comprends que quelque chose ne va pas.
Octobre 2012 : deuxième rendez-vous chez le nutritionniste, j'ai repris 2 kg. Je suis contente (en apparence) mais au fond de moi ça me fait "déprimer" d'avoir repris "autant" de poids.
Décembre 2012 : Je n’ai pas continué à prendre du poids, je n'en ai pas perdu; mais j'affirme que je vais mieux.
Troisième rendez-vous chez le nutritionniste qui me propose un "contrat" dans lequel je m'engage à reprendre 1kg/mois afin de parvenir à un poids normal et de retrouver mes règles. Je refuse obstinément. Il est hors de question que je me soumette à son contrat. Mes parents sont désemparées, le nutritionniste me menace et me laisse encore un mois pour réfléchir.
Janvier 2013 : le mois où je réagis enfin. Je fais des recherches sur internet (j'accepte enfin de voir la réalité en face). Je tombe sur ton blog, je m’en souviens bien il était minuit ; j’ai été « absorbée » par tes phrases, tes mots, tes expressions : c’était exactement ce que je pensais. Et c’est là que je me suis rendue compte que oui, ma façon de voir la vie, les choses, la nourriture était « floutée » depuis deux ans, et que j’étais réellement malade. J’ai lu tout ton blog, tous tes articles, j’ai réfléchi ; je me suis couchée à 3h du matin. A partir de ce jour là, sorte d’électrochoc, j’ai décidé d’accepter l’aide que l’on me proposait : pas une aide comme celle du nutritionniste avec son contrat ; mais une aide psychologique avec une psychothérapeute.
J’ai alors commencé à le voir 1 fois par semaine.
Aujourd’hui ça va mieux. Je reviens d’1 semaine en Espagne où j’ai pris 1 kg, je suis heureuse, épanouie : je me sens mieux. Le psychothérapeute a décidé d’espacer nos « rencontres » à 1 fois toutes les 2 semaines (au lieu d’1 fois/semaine). Mes amis me retrouvent, ma mère retrouve celle qu’elle a perdue il y a 2ans » comme elle dit. (Même si nos relations sont toujours aussi conflictuelles comme avec mon père). Mais je lutte quotidiennement, peut-être pas tous les jours, mais par moment je sens revenir la maladie, elle s’approche, elle s’installe 1h, 2h… ou une journée. Mais je lutte, et je ne la laisse pas s’installer : c’est moi la chef, pas elle ! Je vais mieux, je laisse faire la vie, j’arrête de vouloir tout contrôler, je vois la vie différemment : c’est beau de vivre sans maîtriser, j’avais même oublié qu’on pouvait le faire. Et surtout j’avais oublié que la vie ce n’était pas une maîtrise à longueur de temps et qu’on ne vit pas pour maîtriser.
Bref, tout ça pour dire que je te remercie pour tout ce que tu fais : par tes mots j’ai pu comprendre ce dont je souffrais. Avec le recul je me rends compte que les professeurs en endocrinologie me disaient les mêmes choses. Mais pas de la même manière. Car eux ils n’ont pas connu l’anorexie. Et je pense que c’est indéniable : une personne qui a vécu ce que tu vis a bien plus d’impact et d’expérience pour aider quelqu’un qui souffre de la même maladie que ne le peuvent professeur ou un professionnel (bien qu’il soit hyper performant).
Alors voilà je voulais te remercier, je ne te connais pas personnellement, mais je te connais à travers ton blog, et je trouve que tu es très forte : déjà d’avoir écrit tous ce que tu as écrit, en te confiant comme tu l’as fait… Tu m’as permis de me confronter à la réalité. Et je pense que tu as sans doute aidé beaucoup de jeunes filles, mais qui n’osent pas se « montrer » encore. Je te souhaite t’aller mieux, d’être heureuse, et de te guérir pour toujours.
Tu y arriveras, on y arrivera toute.
Signé : une fidèle lectrice et une compatriote dans le combat quotidien auquel nous sommes toutes confrontées ici. »
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