Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Boîte À Outils

  • : L'anorexie mentale... pour les nulles
  • : Voici le guide de l’anorexie pour les nulles ! Jeune adulte, atteinte d’anorexie mentale, aujourd’hui sur la voie de la guérison, je souhaite partager mon expérience par des chroniques concrètes, drôles et décalées, sur des questions dont les réponses m’ont tant manquées. Des questions les plus basiques, que l’on n’ose poser à personne, aux plus profondes, tout sera traité, sans fausse pudeur, ni tabou, mais en sachant garder un peu de légèreté. A l'usage des malades, et de leur entourage.
  • Contact

Recherche

Liens

12 juin 2012 2 12 /06 /juin /2012 15:29

atable

 

 

 

 

 

 

 

 

semaine4.jpeg

 

 

Comme vous êtes très sages, vous avez bien entamé le processus d’habituation. Et je vous en félicite.

Et bien, c’est tout simple : cette semaine, vous allez continuer !

Je précise : vous allez continuer à manger de nouveaux aliments ET remettre au menu très régulièrement les nouveautés des semaines passées jusqu’à ce que vous n’en ayez plus peur et que ces aliments deviennent communs.

Attention à bien varier les catégories d’aliments que vous testez : le poulet c’est bien (je sais que vous avez lu attentivement la rubrique « A table semaine 3 » ;) ), mais on n’oublie pas d’essayer de nouveaux féculents (miam les lentilles, miam le blé, miam le pain de seigle !), de nouveaux fruits et légumes (en plus on entre dans une super saison, à vous melons, pastèques, fraises, cerises, courgettes et poivrons !!) et on ne laisse pas les laitages de côté (même le fromage qui ne sent pas bon, pour vous, c’est bon. Je vous autorise quand même à commencer par des fromages qui sentent le plastique, style Babibel, parce que je suis décidément trop sympa. Aussi parce que moi j’aime bien le Babibel. Et le Kiri.).

 

Comment ça le Kiri je vous l’avais déjà dit ?

 

Mais tout ça, c’est du déjà vu. Donc aujourd’hui on va s’intéresser à l’autre côté de la force obscure : après la diversification, parlons un peu quantité.

Il est bien évident que si vous voulez guérir, il va falloir manger davantage.

Plus.

Beaucoup plus même.

Beaucoup plus tout le temps, à tous les repas.

 

Ok les nénettes ? Parées ? On est parti.

 

Préambule :

 

Quand on doit envisager de manger plus, la première question qui se pose est évidemment celle de l’appétit. Est-ce que j’ai faim ? Est-ce que j’ai encore faim ? Est-ce que je suis calée ?

Sachez, mesdemoiselles, que vos sensations sont faussées par la maladie. Il se peut que vous n’ayez plus du tout de sensation de faim ou plus du tout de sensation de satiété. Il se peut aussi que vous ayez encore des sensations, mais qui soient complètement dérégulées par votre état. C’était mon cas, et ça l’est encore parfois : je ressens la faim souvent beaucoup trop tard, quand je suis proche du malaise. Et symétriquement, pour que ma faim s’apaise, il faut attendre très très (trop !) longtemps après le repas. C’est dur à vivre, je le sais bien ! L’essentiel est d’en avoir conscience pour pouvoir le gérer. Par exemple maintenant, dès que mes mains tremblent un peu, je mange, faim ou pas faim, pour ne pas faire de malaise. Nous reviendrons sur tout ça la prochaine fois, mais dîtes- vous une fois pour toutes que vos pensées et vos sensations sont FAUSSES. Même si vous êtes persuadées du contraire. Ca aide beaucoup !

 

1.    1.  Les repas

 

Petit relan professoral : aujourd’hui je mets des titres numérotés.

Tiens on va même souligner.

Et en rouge !

 

1.     1. Les repas


Ah ! Beaucoup mieux !

Mes chéries, il va falloir manger TROIS fois par jour + 2 collations MINIMUM.

Ouf, c’est dit.

Vous êtes toujours là ?

Il est hors de question de déroger à cette loi.

Encadrez en rouge. A apprendre par cœur pour la prochaine fois.

Ces trois repas et ces deux collations, elles sont indépendantes de vos envies, de votre faim, de votre humeur. Vous voulez guérir heinnnn ? Alors on adopte la Normale-Attitude direct, on mange à table au petit-déj, au déjeuner et au dîner. Et on prend son en-cas à 10 h et et à 16 h. Et surtout avec des horaires réguliers et normaux. Le déjeuner, c’est quelque part entre midi et 14h. Pas à 17h. On est bien d’accord ?

Voilà.

Rien à ajouter : il n’y a pas à discuter ce point.

Bon et puis en vrai, j’ai trop hâte d’écrire le petit 2 en rouge souligné en rouge. Donc je fais bref.

 

2.    2. Oui mais ça fait trop, j’ai l’impression d’avoir trop mangé, et en plus je n’ai pas faim au repas suivant, et d’abord on pourrait y aller progressivement, et je ne suis pas contente, et ça ne va pas du tout, qu’est-ce que c’est que cette affaire, je vais exploser, mon ventre a doublé, je suis serrée dans mon pantalon, je ne me sens pas bien, j’ai la nausée…

 

J’adore les titres !

Bon celui-là est peut-être un peu longuet, j’admets.

 

Il va vite se poser le problème bien connu du J-ai-trop-mangé*. Pour en parler, passons aux titres en vert.

 

* le problème du J-ai-trop-mangé : problème bien connu des nanas en général, malades ou pas, qui ont l’impression de ne plus rentrer dans leur pantalon chaque fois qu’elles avalent un carré de chocolat. Il semblerait que ce problème grave très répandu n’ait aucune base scientifique valable et soit le fruit d’une imagination sur-développée. En un mot, vous êtes créatives.

NB : voilà comment transformer un problème en compliment. Bonne leçon de vie à s’auto-appliquer sans limitation.

 

2.1  Le problème du J-ai-trop-mangé Number One

 

 Top le vert !

Votre corps a perdu l’habitude de manger si souvent ? Ou autant ? Je sais (je sais tout !). Donc du coup, après le repas vous avez mal à l’estomac. Il est lourd, il est pèse une tonne. Vous avez même parfois l’impression que vous l’avez lesté avec des cailloux. Horrible.

 

Horrible.

 

Je le redis, parce que c’est vraiment vrai. Ca fait super mal de chez super mal.

 

Et en plus ça met des heures et des heures avant de passer.

 

Mes premiers repas corrects m’ont énormément fait souffrir. Je me souviens en particulier d’une fois où ayant dîné vers 19h, j’étais encore recroquevillée dans mon lit à 5h du matin à souffrir le martyr car je n’arrivais pas à digérer.

 

Et bien, je vous le dis : tant mieux si vous souffrez !

 

Ouais, je suis comme ça ! Quelle saleté !

 

Oui ! Tant mieux ! Ca veut dire que vous êtes en train de guérir !

 

Plus sérieusement, ces douleurs sont normales. C’est un mal pour un bien et ça va passer. Il ne faut surtout pas se décourager à cette étape. Surtout pas. Je vous le promets, ça va passer. Et c’est la preuve que vous vous donnez les moyens pour vous en sortir.

 

Voilà ce qu’il faut vous dire :

-       - Votre estomac est un authentique paresseux et pendant tous ces longs mois, vous l’avez encouragé à buller. Il était tranquillou, au bord de la piscine à roupiller, et voilà que vous le sortez d’un coup du paradis des bidons pour le remettre au boulot. Pas étonnant qu’il fasse savoir son désaccord.

-       - Bonne nouvelle : les estomacs ne sont pas syndiqués. Vous pouvez le remettre à bosser sans risque pour votre santé, c’est juste un mauvais moment à passer mais ça ne va pas durer.

-       - Dites-vous bien que chaque fois que vous avez mal à l’estomac, c’est la preuve que vous avez ASSEZ mangé (et non trop mangé). En fait, vous devriez avoir mal après chaque repas. D’ailleurs pour le moment, c’est une bonne façon de se repérer, en attendant que vos sensations de satiété reviennent (et franchement ça va prendre un petit bout de temps) : si vous n’avez pas mal, c’est que vous n’avez pas assez mangé.  

 

 

2.2 Le problème du J-ai-trop-mangé Number Two

 

Deuxième problème du J-ai-trop-mangé, c’est qu’au repas d’après, vous n’avez pas du tout, mais alors pas du tout, envie de manger. Vous n’avez pas faim, vous culpabilisez encore, vous n’avez pas de place dans votre petit bidon de toute façon.

Gna gna gna gna.

C’est l’anorexie qui parle.

Arrêtez tout de suite ça.

C’est l’heure du dîner ? Et bien dînez.

Faim ou pas.

Là n’est pas la question.

Voilà, le problème est réglé !

 

3. La Fringale (avec un F majuscule siouplé)

 

Je vais parler d’un sujet fascinant : Moi.

Héhé.

Cette rubrique s’adresse aux Martine, mais aussi à la petite Martha qui sommeille en vous (les petites Martha bien réveillées peuvent aussi dresser l’oreille).

Il arrive souvent (j’écris souvent pour ne pas dire tout le temps, c’est trop déprimant), que très peu de temps après un repas, vous ayez d’un coup super faim.

Pour ma part c’est souvent peu après le petit-déjeuner.

En fait vous n’avez pas faim, non.

Vous avez Super Faim. Giga Faim. Montruosor Faim.

Pas la faim où tu as envie de manger UN Miel Pop’s.

Non non.

La faim où t’as envie de manger tous les M&M’s, le pot de nutella , puis TOUS les Miel Pop’s, et la boîte en carton qui va avec.

La dernière fois j’ai quand même recraché le jouet.

Bonne joueuse, je l’ai mis de côté pour la fille de ma voisine.

Voilà ce qui m’arrive chaque fois : j’ai donc cette gigantesque faim. Ma faim et moi ouvrons le frigo. Le frigo est plein. Sauf que… non, je n’ai envie que d’un seul truc bien particulier. Qui n’est pas dans mon frigo. Qui n’est pas dans mon placard. Qui n’est pas dans la cuisine. Ni dans ma maison, ni chez ma voisine. Non forcément, ça va être compliqué de le trouver.

La dernière fois, la seule chose que je voulais manger, c’était un sablé au chocolat d’une boulangerie spécifique à 2 km de chez moi.

Forcément, c’était  très embêtant.

J’avoue que mon cas est vraiment particulier… Pas persuadée que l’on puisse généraliser, si vous ne vous sentez pas concernée, je vous autorise à compatir, ça sera toujours ça de gagné.

J’ai donc une faim énorme, mais très ciblée.

Autre exemple : cette fameuse fois où je ne voulais que du fromage blanc de la marque Intermarché. Ne me demandez pas pourquoi. Surtout que d’habitude, le fromage blanc Intermarché, je ne fais que le critiquer.

Il en va du fromage blanc comme des garçons : plus je les critique, plus j’en ai envie au fond.

Ah les filles, c’est compliqué.

NB : je vous vois arriver avec vos gros souliers : non je ne l’ai pas testé, le petit caissier de l’Intermarché !

Enfin, pas encore.

Mais peut-être que mélangé à un peu de fromage blanc ?!?

Bref.

Cette violente faim peut s’accompagner de suées, de tremblements… Vous avez du mal à vous exprimer, votre tête peut tourner. Il faut parfois s’assoir, des fois je me mets à pleurer.

Vous avez aussi démesurément soif.

Attention gros mot : c’est une hypoglycémie. En gros, votre taux de sucre dans le sang a brusquement chuté, et il vous faut absolument y remédier.

Remarque : il y a des petites nénettes qui elles, ont cette faim immense mais se moquent de ce qu’elle vont se mettre dans le gosier. Heureuses soient-elles !

Voilà les conseils d’une routinière de la méga-fringale-de-la-mort :

-      D’abord c’est normal, ça arrive à tout le monde même à des gens biens (moi par exemple !), arrêtez de vous dire que vous êtes un monstre de gloutonnerie.

-      Buvez ! J’ai constaté qu’avec une boisson très sucrée, on retrouve bien plus vite ses esprits qu’en mangeant seulement, et en plus la faim s’apaise plus rapidement. Le nec plus ultra : chocolat chaud-chantilly. I D E A L. Je le note sur votre ordonnance.

-      Un chocolat viennois comme prescription médicale ? Et vous vous plaignez ? Franchement !

-      Attention à manger doucement, et à bien mâcher. La satiété met du temps à s’installer, surtout dans ces cas-là, donc il peut être bon de manger correctement, puis d’aller prendre l’air quelques instants, et de ne re-manger que si la faim persiste après, plutôt que d’engloutir d’un coup trois paquets de biscuits.

-      Enfin ne vous vous reposez pas sur vos lauriers. Vous venez de manger c’est bien. Mais demandez-vous pourquoi cette fringale est arrivée. Il se peut qu’il n’y ait pas de raison, votre corps a juste besoin de carburant, c’est normal. Mais il se peut que ce soit aussi parce qu’au dernier repas vous n’avez pas assez mangé. Ou était-ce peut-être hier soir  vous vous souvenez, ces féculents, que vous avez zappés ? A vous de ne pas recommencer.

-      Réfléchissez !Vous venez de manger. Donc forcément maintenant vous vous sentez bien calée (si ce n’est trop calée). Donc au repas suivant, vous n’allez pas vouloir manger. Et qu’est-ce qui va arriver ? Une fringale quelques heures après. Vous allez à nouveau vous ruer sur les biscuits, sauter le repas suivant… et ça va continuer ainsi… Conclusion : faim ou pas faim, au repas suivant, vous allez manger. Exécution !

-      Evidemment, mais je préfère le préciser, vous allez tout bien garder au chaud dans votre estomac. Pas de vidange, on est bien d’accord ?

 

A l’attention de mes petites Martha-lectrices : ce n’est pas parce que vous vous appelez Martha que vous ne connaissez pas l’hypoglycémie, donc cela peut vous arriver. Malgré tout, ne confondez pas fringale et compulsion. Dans le premier cas, il est nécessaire de manger. Dans le second cas, vous avez envie de manger, pas forcément besoin. Ne vous embêtez pas forcément avec ce distinguo au début. Mangez doucement et calmement, et allez vous aérer. Il est fort probable que vous recherchiez à provoquer un sentiment de culpabilité. En mangeant, vous créez l’évènement qui va vous permettre de vous détester. Donc mangez mais appréciez (facile à dire hein ?).

Pour les Martine, ne cherchez pas à savoir s’il s’agit d’une hypo ou d’une envie. Vous mangez, c’est bien, peu importe la raison. Je vous le dis et vous le répète : il est vital pour vous de prendre du poids, le plus vite possible.

 

 

4.     J’ai tout le temps faim !

On a super bien mangé au déjeuner. Genre entrée, plat, yaourt, fromage, pain, dessert et biscuits (je vous dis ce que j’ai mangé pour que vous arrêtiez de culpabiliser, j’avais faim ce midi moi, alors pourquoi se priver ?). Et au bout de deux heures, qui voilà ? Tadam ! La faim !

Je me souviens les premières fois combien j’étais déçue. J’avais fourni un effort énorme et fait un repas de princesse, j’étais super fière de moi et voilà la récompense ? A nouveau faim ? Mes efforts n’avaient donc servi à rien.

Je me suis dit : vaincre la faim, c’est sans fin.

Je sais c’était un peu facile.

En fait c’est tout à fait normal. Votre corps a BESOIN de manger. Il n’a pas de réserve. Vous lui donnez du carburant, alors il est content. Dès qu’il n’en a plus, il en redemande parce que ça lui plaît de fonctionner !

Et vous aussi, n’est-ce pas ?

Donc vous savez ce qu’il faut faire quand on a à nouveau faim ?

Trop facile : on mange.

Bravo, je suis fière de vous !

Bonne semaine à toutes !

 

NB : désolée du retard de parution… J’en connais une qui a un peu trop fait la fête ce week-end. Preuve que les efforts finissent par payer : c’est trop bon de pouvoir s’amuser !

Partager cet article
Repost0

commentaires

L
J'ai 16 ans et une énorme volonté de m'en sortir mais plus facile a dire qu'a faire... Je n'ai pas un poids si catastrophique pour une anorexique car e mange mais pas assez, mais j'ai peur de grossir et j'ai cette peur idiote de grossir sans me stabiliser... Ton blog m'a beaucoup aidé, ce que tu fais est vraiment super! A chaque angoisse de repas je repense a tout ce que j'ai lu sur ton blog et je fais face! Merci beaucoup! <br /> Ps: je sais que j'arrive un peu tard
Répondre
A
<br /> Merci beaucoup pour ce site! Le lire me fait du bien, il me fait comprendre que OUI, j'ai BESOIN de manger, même si je ne suis jamais descendue au-dessous des 18 d'IMC... et que j'en fais 20<br /> (dans ma petite tête débile, 20 c'est ENORME alors qu'en réalité c'est pas beucoup, sisisi!) <br /> <br /> <br /> Même si je ne comprends pas comment en deux semaines j'en suis revenue aux trois repas + goûter par jour alors que je n'ai fait qu'un seul repas (et encore) pendant trois ans, je vais garder le<br /> rythme! Et vous m'aidez! Ce soir, grâce à vous, je vais dire "fuck" à ma balance quel que soit le poids qu'elle affiche! Et je m'en fiche d'être bien en chair! Je veux guérir! Et mon corps en a<br /> marre d'avoir faim, alors pour une fois je vais être gentille et lui donner ce qu'il veut...<br /> <br /> <br /> C'est beau, hein? ^^<br />
Répondre
A
<br /> <br /> C'est trop beau tout ça :) donne nous de tes nouvelles !!<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> Toujours aussi géniaux tes articles ;)<br />
Répondre