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  • : L'anorexie mentale... pour les nulles
  • : Voici le guide de l’anorexie pour les nulles ! Jeune adulte, atteinte d’anorexie mentale, aujourd’hui sur la voie de la guérison, je souhaite partager mon expérience par des chroniques concrètes, drôles et décalées, sur des questions dont les réponses m’ont tant manquées. Des questions les plus basiques, que l’on n’ose poser à personne, aux plus profondes, tout sera traité, sans fausse pudeur, ni tabou, mais en sachant garder un peu de légèreté. A l'usage des malades, et de leur entourage.
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2 juin 2012 6 02 /06 /juin /2012 11:05

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Manuel de survie... leçon n°2 : là les filles, il va falloir me faire confiance

Je sais je sais, tout ce qui va suivre, on vous l’a déjà dit : vos parents, votre médecin, les infirmières, votre voisin, votre copine, vos potes, votre amoureux… Ouiiiiiiiii ils vous l’ont dit, répété, rabâché, chanté, sur tous les tons, de haut en bas et de bas en haut, ils vous l’ont dit gentiment, brusquement, en criant, en susurrant… C’est bon, vous connaissez la chanson.

Je vais vous le dire encore.

D’ailleurs, peut-être qu’à la fin, suite à vos nombreux applaudissements, je ferais même un rappel. On n’est jamais trop prudent.

Et cette fois vous allez me croire. Parce que je l’ai vécu, je suis passée par là, je sais ce que je dis quoi !

Alors que vos parents, votre médecin, les infirmières, votre voisin, votre copine, vos potes, votre amoureux, quoiqu’ils en disent, ils n’en savent rien, puisqu’eux, ils vont bien (ou ils vont mal, mais c’est pas le même mal, on est d’accord, ça ne compte pas).

Prenons un exemple concret, comme la dernière fois que vous avez tenté de consoler une copine et son chagrin d’amour terrible. Vous, ça ne vous était jamais vraiment arrivé. Reconnaissez-le, vous n’avez pas été très convaincante. On a beau toutes dire les mêmes choses (« Façon ton mec, c’est un gros nul », « Avec le temps tu vas l’oublier », « Tu vas en rencontrer pleinnnnnn d’autres » « Et puis c’est un gros naze ! » « Et un blaireau ! ») (oui, l’insulte, ça soulage non ?). Ben non, si on n’a jamais ressenti ce que sa copine ressent, là, dans ses mouchoirs, sur notre canapé, votre copine, voilà ce qu’elle vous dit « Mais toi t’as un copainnnnnnn, tu peux pas comprendreeeeee ». Et de se remoucher en sanglotant.

(Les personnages de ce paragraphe sont fictifs, toute ressemblance avec une personne existant ou ayant existé est tout à fait fortuite)

(Je ménage mes copines là)

(S’agirait pas de me créer des ennuis)

Bref, cette fois c’est le moment de me faire confiance.

Au moins un petit peu.

 

 

Le IFMC* n°1

Quand on prend du poids, on arrête d’avoir envie de mourir.

 

* IFMC : Il Faut Me Croire

C’est dit un peu crûment, je l’admets volontiers. Mais c’est tellement vrai. Les premiers kilos pris font souffrir le corps et la tête, je le reconnais. Le corps a perdu l’habitude d’être alimenté, on a mal au ventre des heures et des heures, on a l’impression d’avoir l’estomac lesté par du béton. Mes premiers repas, je mettais plus de 12 heures à les digérer. Horrible. J’y reviendrai (ce seront les PTQVP* : les Petits Tracas Qui Vont Passer, voir Manuel de survie n°3 dans 15 jours).

Merci de remarquer au passage le haut degré de planification de mes chroniques. Ca sent le prof à plein nez.

Prof de SVT d’ailleurs, j’aime bien les sigles, votre formidable perspicacité vous l’avait fait noter.

Les indices :

Quoiqu’il en soit, une fois ce douloureux cap passé (et il faut s’accrocher), votre ciel nuageux, voire orageux va s’éclaircir brutalement. Vous allez retrouver le sourire. Moi, ça faisait tellement longtemps que je n’avais pas souri, que la première fois où j’ai rigolé avec une amie, j’ai eu mal aux joues deux jours. Des courbatures de sourire, vous y croyez ?

J’ai recommencé à téléphoner. J’ai eu mal à la voix tellement j’avais si peu souvent parlé. Et quelle joie !

J’ai recommencé à chanter.

J’ai dansé partout dans mon appart, le chien sur les talons qui aboyait.

J’ai arrosé mon citronnier, j’avais envie des envie florales.

Je me suis remise à dessiner, j’avais des envies colorées.

Je me suis acheté la panoplie de la sérial-maquillée : font de teint, mascara, fard à paupière, rimmel, la totale ! J’avais envie d’être toute jolie !

 

 

Le IFMC n°2

Quand on prend du poids, on est moins fatigué

 

Là aussi il faut s’accrocher. Je sais, vous avez tout le temps envie de bouger. Pour dépenser. Ou parce que comme moi, votre nature ne correspond pas franchement au dodofarnientecanapé (NB : il est inutile de chercher ce mot dans le dico). Mais plus la maladie perdure et plus vous êtes fatiguée. Du coup, une fois que vous avez achevé toutes les activités que vous vous imposez, ou celles qui vous sont imposées (bah oui, faut bien y aller, au boulot), vous n’avez plus la force de sortir avec vos amis, d’aller danser jusqu’au bout de la nuit, d’aller au théâtre ou même au ciné. Là encore je vous renvoie au Manuel de survie n°3 : nous verrons comment gérer ces tracas.

Quoiqu’il en soit, vous êtes fatiguée. Et pour celles qui ne le ressentent pas, ne vous inquiétez pas, ça viendra.

La seule solution pour cela : il faut se reposer, et prendre du poids.

Moi, je n’y croyais pas une seconde. J’étais persuadée que mon état normal correspondait à cet état de fatigue continuel contre lequel je devais lutter. Et contre lequel je luttais mal. Je pensais, à tort, que mon épuisement était communément partagé et que j’étais la seule à ne pas savoir le gérer. Ce qui est évidemment totalement erroné.

Je vous conseille à ce sujet la lecture du livre Les Souvenirs de D. Foenkinos. Le roman parle des personnes âgées, de leurs maux, de leurs fatigues : vous serez troublée de voir combien vous les partagez. Sans vouloir vous vexer, ce que vous ressentez, et votre état de santé correspondent à ceux d’une personne très âgée. Arrêtez de penser que les autres souffrent comme vous, ce n’est pas vrai.

Bien, mesdemoiselles sachez que :

1)   Si vous vous reposez plusieurs jours, c’est-à-dire si vous acceptez de ne RIEN faire, de rester au fond de votre lit, avec des mots croisés, des DVD (de gros navets de préférence, votre cerveau aussi a droit à des vacances), des bouquins intellectuellement ultra-limités, votre PSP, votre point de croix (à l’hôpital, il m’a sauvé !), et bien au bout de tout ça, vous irez mieux et pourrez passer des moments dehors AGREABLES parce que vous vous sentirez reposée. En gros, acceptez l’oisiveté. Ca paye.

 

J’adore ce mot ! Oisivité.

 

Oisiveté !

 

Je vais encore vous le répéter !

 

C’est la technique du lavage de cerveau !

 

(Oh non ! Ma pulsion gourou réapparaît !)

 

Oisiveté Oisiveté Oisiveté Oisiveté Oisiveté Oisiveté Oisiveté Oisiveté Oisiveté Oisiveté Oisiveté OisivetéOisiveté Oisiveté Oisiveté Oisiveté Oisiveté Oisiveté Oisiveté Oisiveté Oisiveté Oisiveté Oisiveté Oisiveté Oisiveté Oisiveté Oisiveté OisivetéOisiveté Oisiveté Oisiveté Oisiveté Oisiveté Oisiveté Oisiveté OisivetéOisiveté Oisiveté Oisiveté Oisiveté Oisiveté

 

Ca y est ? Cerveau lavé ?

2)   Plus vous allez prendre de poids et moins vous serez fatiguée. Vous allez pouvoir faire plus de choses dans la journée, vous concentrerez plus longtemps. Et même si tout n’est pas parfait, vous constaterez qu’après de gros efforts (physiques ou intellectuels), vous allez récupérer de plus en plus rapidement.

Prenons un petit exemple. Hum… au hasard, le mien ! Après un an à poids très bas, faire du shopping deux heures relevait de l’exploit. Je rentrais harassée, et me couchais souvent directement : à peine allongée je dormais.

 

Hier : gym le matin. Tranquille. Balade avec une amie l’après-midi une bonne heure. Resto avec des copines. Dodo à 1h du matin. Et ce matin, je vais très bien merci : je suis en train de vous écrire, et donc de me concentrer.

 

Merci de constater que mes activités restent encore limitées : je n’ai pas marché 5 heures d’affilée, j’ai fait la sieste, j’ai glandé dans le canapé avec mon amie une bonne partie de l’après-midi. Je mise sur la stratégie de l’oisiveté, je ne me sens pas encore guérie.

Et du coup les heures passées dehors ont été complètement ensoleillées : aucune nausée, aucune fringale, du plaisir à l’état pur !

 

Si j’applique ce que je vous dis, c’est bon signe non ? Après tout, je ne suis peut-être pas un gourou ;)

 

 

Le IFMC n°3

Quand on prend du poids, on retrouve confiance en soi

 

Quand on perd du poids, on oublie un peu (beaucoup) qui on était. On ne sort plus trop (resto : trop compliqué ; soirées : trop fatiguée ; apéro : difficile à gérer ; petit ami : aucune envie d’être touchée). Et du coup quand on voit du monde, panique à bord, on a l’impression d’être jugée, regardée, comparée. Est-ce qu’il sait que je suis malade ? Ils vont regarder ce que je vais manger. Il faut aussi se concentrer quand son esprit divague parce qu’il est sous-alimenté, je vous en ai déjà parlé. Et puis souvent on est si fatiguée, que même rire nous épuise, donc autant s’en passer.

Bref, on n’est plus vraiment soi. Autant rester seule chez soi.

Et bien sachez que lorsqu’on reprend du poids, on retrouve sa personnalité.

Oh, on est changé. On a appris plein de choses, on a gagné en ouverture d’esprit, personnellement je me sens beaucoup moins superficielle qu’avant (hop une fleur ! vous ne devez jamais vous mésestimer). Mais surtout j’ai retrouvé qui j’étais.

Et puis aussi j’ai arrêté de penser que tout le monde savait que j’avais cette fichue maladie. En plus ça ne se voit plus, donc il n’y a plus personne pour juger de ce que je vais manger. Très agréable tout ça.

 

 

Le IFMC n°4

Quand on prend du poids, on a plein d’idées et plein de projets

 

En gros, votre cerveau est de nouveau prêt à fonctionner. On peut réfléchir sans s’évanouir. On peut ouvrir un blog et s’y tenir (on devient un peu égocentrique : on parle beaucoup de soi, je sais je sais, mais je ne connais pas d’autre anorexique que moi, mea culpa), on peut reprendre le boulot, ce qui est quand même très satisfaisant et épanouissant. Je pense au futur, j’ai envie de voyager !

Je vide mon corps ce qui détruit vie. Mon corps se remplit, et ma vie aussi.

Je mets un copyright sur ce proverbe, tiens.

 

 

Le IFMC n°5

Quand on prend du poids, on veut un mari et des bébés

 

Depuis que j’ai grossi, j’ai à nouveau des chéris  (oui il y a un pluriel, je sais) ! Retrouvée l’envie d’être câlinée, dorlotée, caressée ! Retrouvée l’envie de câliner, dorloter, caresser !

Retrouvée aussi l’envie de séduire et de charmer.

Et pssttt, les filles, pour avoir un bébé, il n’y a pas de secret…

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commentaires

M
<br /> Ton blog est tout juste extra, j'ai eu le declic depuis quelques mois, je démaigri comme on dit si bien :) mais cest vrai que de temps en temps je m'impatiente et je craque, je viens de trouvé<br /> ton blog et il arrive a me redonné le sourrire, de prendre certaines choses au second degrés, un peu plus a la legere et de moins prendre tout ca autant à coeur. Je me vois exactement dans tout<br /> ce que tu raconte en détail c'est fou, en tout cas merci pour le bien que t'apporte et bonne continuation :)<br />
Répondre
A
<br /> <br /> Merci ! Merci ! (je ne vois pas quoi dire d'autre là !)<br /> <br /> <br /> En tout cas le fait que tu te retrouves dans ce que j'écris prouve bien que nous avons les mêmes symptômes et donc que nous souffrons d'une vraie maladie. Arrêtez de nous confondre avec toutes<br /> ces petites nénettes au régime plizzzzz !<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Chapeau Bas mam'zelle !<br /> <br /> Bonjour !<br /> <br /> Je suis tombée par hasard sur ton blog, et enfin j'arrive à décrocher un sourire devant un site consacré à cette pourriture qui m'a bien ... pourrit !<br /> <br /> Maintenant je prends du recul et c'est donc d'autant plus agéable d'en rire !<br /> <br /> Bref, continue sur ta lancée, et IFMC, c'est trop bien de manger ce qu'on veut, quand on veut !<br /> <br /> A bas les régimes, à bas les petites voix, et vive les kilos de beauté !<br /> <br /> ps : Si tu vas poser un cierge à la sainte biscuiterie, j'irai pour ma part bénir les cacaoyers et l'inventeur de la purée d'amande. Amen.<br />
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A
<br /> <br /> Amen ;)<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> Et elle était géniale cette soirée ma belle :)<br />
Répondre